. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Je me souviens de ma Floride natale, celle qui m'a bercé de ses rayons de soleil pendant des années. Je ne peux me plaindre d'une enfance plus qu'heureuse. Ma soeur et mon frère, tous deux mes aînés, ont sans cesse veiller sur moi et même avec un peu trop d'ardeur si vous souhaitez mon avis. En effet, Logan me couvait sans cesse des yeux, m'éloignant des garçons de mes deux à dix huit ans. Ce qui ne m'a guère empêché d'être une véritable sauvageonne et une jeune rebelle. J'étais du genre à faire le mur et à aimer courir sur la plage durant les heures où mes frères et sœurs étaient devant la console. C'était d'un amusant jouissif que de les voir ensuite me courir après en suivant la rive et les légères vagues sur le sable. J'adorais réellement le faire, et encore plus les faire tourner en bourrique. Quand à mes parents, je n'ai pas eu la chance de connaître mon père qui a disparut peu après ma naissance, emporté par la mort. Il était pourtant tellement jeune … puis ma mère … je lui porte une grande admiration et ce, tout au long de ma vie. Elle était d'une gentillesse incroyable, d'une bonté surprenante et d'un amour intense. Elle nous aimait réellement et nous l'avait démontré longuement et longtemps. Quand j'étais malade, j'avais droit aux sucreries, aux desserts et également des gâteaux. Non j'étais une petite princesse à la maison, sans doute un peu trop gâtée pendant longtemps. J'aimais tout avoir sur le moment et sans que l'on ne m'empêche bien évidemment de l'obtenir, à moins de désirer me voir devenir une véritable tigresse. Mais ce n'est qu'à l'adolescence, à mes seize ans précisément que ma vie devint réellement parfaite. Qu'elle devint même sublimissime. Parce que je l'ai rencontré lui.
Je marchais le long de la plage une nouvelle fois, quand je rencontrais son regard. Un regard clair qui me chavira rapidement tandis qu'il sourit longuement. C'était le meilleur ami de mon frère, de deux ans mon aîné et ce fut un véritable coup de foudre. Gabriel était tout ce qu'il me manquait à ma petite vie parfaite. Drôle et attachant, il avait également un foutu caractère qu'il ne me montrait que trop souvent, m'engueulant pour des conneries et me remettant sans cesse à ma place quand j'exagérais, ce que ma famille n'avait jamais osé faire. Peut-être est-ce pour ceci que je suis tombé aussi amoureuse de lui, et que je me confessais ce soir là, un soir sans lune, alors que j'étais sortit une nouvelle fois en cachette pour rejoindre le lieu du rendez vous que je lui avais transmis. Il était tellement beau... tellement sûr de lui que je ne pouvais que le dévorer des yeux. M'approchant en douceur, je lui souris timidement avant de souffler « Tu sais... je voulais te le dire .. mais je t'aime » Oui... cette histoire que je vous conte est romantique, tellement peu original. Si seulement elle avait pu rester mièvre, aussi adolescente, comme ce soir où au lieu de me répondre il m'embrassa à pleine bouche. Une jeune relation qui devint rapidement passionné malgré le poing du frère et la méfiance de la sœur. J'avoue l'avoir épousé en cachette, lui avoir donné mon cœur à ma majorité. Oui mon histoire était simple voir banal, je l'aimais et j'espérais passé ma vie avec lui. Mais la vie est d'un cruel sans non... la vie est d'un sombre que je n'avais encore jamais imaginé.
Je suis tombé enceinte au mois de septembre. Imaginé le visage du jeune père qui avait laissé tomber ses études pour notre bonheur, laissé tombé tous ses rêves pour s'occuper de moi au mieux. Parfois, j'avais peur qu'il le regrette mais je ne désirais seulement que notre vie soit parfaite. Ses prunelles brillaient, ses yeux étaient d'une beauté écrasante si bien que ce moment est encore gravé dans ma mémoire. Mais tout bascula un mois plus tard. La sonnerie retentit dans l'appartement et je me précipitais vers le téléphone pour répondre rapidement, persuadée qu'il s'agissait de mon mari.
« Allo? » Je n'avais qu'une impatience, lui dire que j'attendais une petite fille, verdict qui était tombé un peu plus tôt dans la journée.
« Madame Jackson? J'ai une nouvelle...assez mauvaise. » Mon coeur s'arrêta de battre quelques secondes, mon visage se figea, tandis que je connaissais la nouvelle avant même de l'entendre.
« Votre mari a eu un grave accident. Actuellement à l'h.... » Je n'entendis guère la suite hormis le nom, attrapant ma veste à la volée pour rejoindre Gabriel au plus vite. Mais au moment où je me précipitais vers le bloc, je vis les docteurs sortir le visage défaits et complétement anéantis. Je me précipitais vers la salle, arrêtée par un docteur inquiet tout en hurlant, en hurlant des mots dont je ne me souviens plus. Non sans doute.... Peut-être qu'en fermant les yeux.... Il était allongé sur le lit, son visage figé à jamais.
« Gabriel!!!! « Je ne pouvais après tout que l'appeler par son nom, une intense supplication. Mais rien n'y fit... il est mort cette nuit là … nous sommes mort cette nuit là.
Je sais m'être évanouie peu de temps après, pour me réveiller un peu plus tard dans une chambre d'hôpital. Je n'eus pas le temps de pleurer mon mari qu'il me fallut hurler sur la mort de ma fille. Elle n'avait pas tenu, je n'avais pas su protéger mon enfant parce que trop fragile. Les pleurs m'avaient secoués des heures, les tentatives de fuites également. Je me souviens avoir mordu et griffé, avoir tout fait pour sortir de ce lieu hanté par la mort et le chagrin. Il n'y a rien de pire que d'être enfermée et seule, vivant avec le souvenir des deux êtres que vous ne retrouverez jamais. Les calmants m'ont tué et je ne pouvais que chuchoter, chuchoter l'irréalité...
« Gabriel ..reviens...ne m'oublie pas... » Mais il ne revint jamais et je finis par sortir vivant les semaines suivantes dans un état d'hébétude sans nom soutenue par mon frère. Mais la vie était trop dure, je vivais en pleurant sans cesse, en rejetant mon frère, en souhaitant la solitude, en désirant la mort.... Je ne sais combien de temps s'écoula avant que je ne prenne ce morceau de verre, avant que je ne le plaque contre mon poignet, avant que je ne me coupe lentement, avant que je ne me vide de mon sang... La douleur, à peine je pus la ressentir tant le chagrin cruel, la dépression me tenait sous sa coupe. Allais je enfin en être libérée en mourant? Je l'espérais de tout coeur … car la folie allait sans doute bientôt m'étreindre si ce n'était pas déjà fait.